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Puis-je vendre un logement avec de l'amiante ?
Quels sont mes droits et mes devoirs en présence d'amiante chez moi ?

Vendre un logement avec de l’amiante : guide complet 2025
La présence d’amiante dans un logement est une source d’inquiétude légitime pour de nombreux vendeurs et acquéreurs. Pourtant, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible de vendre un bien immobilier contenant de l’amiante. La loi n’interdit pas la vente, mais encadre strictement l’opération par une obligation d’information, de transparence et de sécurité. En 2025, avec la multiplication des contrôles et la sensibilisation accrue du public, il est indispensable de connaître ses droits et obligations avant de mettre un logement sur le marché.
1. L’amiante dans la construction : repères historiques et risques sanitaires
Utilisé massivement entre les années 1950 et 1997, l’amiante était apprécié pour ses qualités isolantes thermiques et acoustiques, ainsi que sa résistance exceptionnelle au feu. Il entrait dans la composition de milliers de produits du bâtiment : dalles de sol, plaques ondulées, conduits, faux plafonds, flocages et enduits projetés. Sa dangerosité est désormais connue : l’inhalation de fibres d’amiante peut provoquer des maladies graves (cancers broncho-pulmonaires, mésothéliomes, asbestose). C’est pourquoi son usage a été interdit en France par le décret du 24 décembre 1996, entré en vigueur en 1997.
Aujourd’hui, de très nombreux biens construits avant cette date contiennent encore des matériaux amiantés. Cela n’empêche pas leur mise en vente, mais oblige le propriétaire à respecter un cadre légal strict, destiné à protéger la santé des occupants et la loyauté de la transaction.
2. Vente d’un bien avec amiante : ce que dit la loi
La réglementation française n’interdit pas de vendre un bien contenant de l’amiante. Le principe est simple : l’acheteur doit être informé clairement et précisément de la présence ou de l’absence d’amiante. Cette obligation découle des articles L. 1334-13 et suivants du Code de la santé publique, ainsi que de l’article L. 271-4 du Code de la construction et de l’habitation.
Une limite existe toutefois : si la présence d’amiante rend le bien impropre à son usage (logement inhabitable, danger avéré pour la santé), le préfet peut exiger des travaux de désamiantage préalables à la vente. Dans tous les autres cas, l’amiante n’empêche pas la cession du bien, dès lors que l’information est fournie à l’acquéreur.
3. Le diagnostic amiante : une étape obligatoire et déterminante
Le diagnostic amiante est obligatoire pour tous les logements dont le permis de construire a été délivré avant le 1er juillet 1997. Il s’agit d’un repérage des matériaux susceptibles de contenir de l’amiante, réalisé par un diagnostiqueur certifié et indépendant. Le diagnostic doit être annexé à la promesse de vente et à l’acte authentique. À défaut, la vente peut être remise en cause.
- Biens concernés : maisons individuelles, appartements, dépendances, locaux commerciaux et professionnels.
- Zones inspectées : matériaux listés en annexes A et B du Code de la santé publique (plafonds, cloisons, sols, toitures, conduits).
- Professionnel requis : diagnostiqueur certifié avec mention, disposant d’une assurance responsabilité civile professionnelle.
➡️ Le diagnostic fait partie intégrante du Dossier de diagnostic technique (DDT), que le vendeur doit obligatoirement remettre à l’acquéreur. Son absence constitue une faute susceptible d’engager sa responsabilité.
4. Comment se déroule un diagnostic amiante ?
Le diagnostiqueur visite le logement et recherche les matériaux susceptibles de contenir de l’amiante : dalles de sol, faux plafonds, flocages, calorifugeages, plaques de fibrociment, toitures, bardages, conduits. S’il a un doute, il procède à des prélèvements, envoyés ensuite en laboratoire pour analyse. Quelques jours plus tard, un rapport détaillé est remis au propriétaire.
Trois cas de figure peuvent apparaître :
- Absence d’amiante : le logement peut être vendu sans contrainte particulière.
- Présence d’amiante stable : le bien reste habitable, mais un suivi périodique est recommandé.
- Présence d’amiante dégradée : des travaux de retrait ou de confinement peuvent être imposés.
5. Que faire si de l’amiante est détectée ?
La découverte d’amiante ne bloque pas la vente. Le rapport peut prévoir des contrôles réguliers (tous les 3 ans en cas de présence avérée), des mesures d’empoussièrement ou, dans les cas les plus graves, des travaux de confinement ou de désamiantage.
En pratique, plusieurs solutions s’offrent au vendeur et à l’acquéreur :
- négocier une baisse du prix de vente correspondant au coût estimé des travaux,
- prévoir contractuellement que l’acquéreur assumera les travaux après la vente,
- reporter la vente le temps de réaliser le désamiantage, en cas d’obligation préfectorale.
➡️ La clé est la transparence : tant que l’acquéreur achète en connaissance de cause, la transaction est sécurisée.
6. Quels risques pour le vendeur ?
Si le diagnostic amiante est fourni, le vendeur est exonéré de la garantie des vices cachés. En revanche, en cas d’absence de diagnostic :
- l’acquéreur peut engager une action pour vice caché devant le tribunal,
- le vendeur risque une amende de 1 500 €,
- l’acheteur peut demander une diminution du prix ou l’annulation de la vente.
En matière de location, l’absence de diagnostic expose également le propriétaire à une amende de 1 500 € (CSP, art. R. 1337-3). Un logement contenant de l’amiante dégradée peut être qualifié d’indécent, entraînant l’obligation de mise en conformité.
7. Validité et mise à jour du diagnostic amiante
- Diagnostic avant 2013 : doit être renouvelé en cas de vente.
- Diagnostic après 2013 concluant à l’absence d’amiante : validité illimitée, mais un nouveau diagnostic est conseillé en cas de travaux récents.
- Diagnostic positif : un contrôle périodique doit être réalisé au maximum tous les 3 ans.
Un diagnostic ancien mais toujours valide peut être source de contestations : il est donc recommandé de fournir un document récent, gage de sécurité pour l’acheteur et de tranquillité pour le vendeur.
8. Coût et responsabilité du diagnostiqueur
Le prix d’un diagnostic amiante varie généralement entre 80 et 200 €, selon la taille et la complexité du bien. Des analyses en laboratoire peuvent alourdir la facture. Si le diagnostic est erroné et que de l’amiante est découvert après la vente, la responsabilité du diagnostiqueur peut être engagée :
- contractuelle vis-à-vis du vendeur (commanditaire),
- délictuelle vis-à-vis de l’acquéreur (tiers).
➡️ D’où l’importance de choisir un diagnostiqueur certifié, assuré et expérimenté.
9. Bonnes pratiques et rôle du notaire
Pour sécuriser une vente en présence d’amiante, quelques précautions s’imposent :
- commander le diagnostic dès la mise en vente,
- choisir un diagnostiqueur certifié et indépendant,
- négocier clairement les conséquences si amiante (prix, travaux, délais),
- éviter les conditions suspensives floues (« absence d’amiante »), sources de litiges,
- se faire accompagner par son notaire, garant de la régularité juridique de la transaction et des annexes obligatoires.
Conclusion
La présence d’amiante dans un logement ne bloque pas une vente, à condition de respecter le cadre légal. Le vendeur doit fournir un diagnostic fiable, informer l’acquéreur et, le cas échéant, organiser contractuellement les suites (prix, travaux, délais). C’est la transparence qui sécurise la transaction. En cas de doute ou de projet complexe, l’accompagnement d’un notaire et d’un agent immobilier reste la meilleure garantie pour éviter les litiges.
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